vendredi 3 mai 2013

La Ligue d'Improvisation Musicale de Montréal

On a fait un truc vraiment chouette hier soir qu'il nous faut absolument partager.

Vous connaissez probablement les matchs d'improvisation théâtrale, divertissement très répandu parmi les étudiants de France. Eh bien on a découvert ici les matchs d'improvisation musicale, et on peut vous garantir que ça envoie sévère ! Les deux matchs qu'on a vu étaient la demi-finale (il y a plusieurs semaines) et la finale (hier) de la 10e saison de la LIMM, Ligue d'Improvisation Musicale de Montréal, qui se déroulent dans la salle de spectacles / bar-boîte Café Campus.

Présent à chacun de ces événements, il y avait ainsi deux équipes de musiciens incroyablement talentueux, un arbitre inventif et hué pour la forme, deux commentateurs perspicaces à la boutade facile (façon commentateurs de sport) et un public de 300 personnes survoltées tenant entre leurs mains le verdict de l'issue du match. Rien que l'ambiance est fantastiquement bon enfant. Enfin c'est pas pour ça qu'on est venu et revenu, mais pour le principe très sympa et le génie de la performance.

Un match est découpé en plusieurs petits matchs, à la fin desquels il est demandé au public de voter pour le meilleur des deux groupes de musiciens. Pour voter, on lève un papier de couleur, donc le comptage introduit une certaine erreur. Ces improvisations peuvent être mixtes (des musiciens des deux groupes jouent ensemble) ou séparées (les deux groupes jouent successivement), selon le choix de l'arbitre. Il décide également d'un thème, d'un style de musique, et enfin d'une contrainte.

Et les musiciens maîtrisent tellement bien les codes stylistiques, jouent comme un seul homme ou dialoguent entre eux, ils sont puissants, drôles, émouvants, créatifs, doués, géniaux ! C'est un pur délice et c'est vraiment dommage que la saison soit déjà finie.

 "Soyons sérieux deux minutes."
(Ici c'est la seule impro de la soirée où le thème que tu as soigneusement concocté peut sortir)

Imaginez vous dans cette grande salle à deux étages, face à une scène remplie d'instruments variés : synthés de qualité et tables de mixages, moult guitares, violoncelle, harmonium, batteries, basses, trombone, saxo, saxo basse, clarinette, violon, cloches... Et l'arbitre annonce la couleur avec son accent déjà chantant : "Pour cette première impro, le style sera soit "de musique industrielle à musique baroque d' ascenseur", soit "de flamenco à new wave", avec une transition entre les deux styles de 15 secondes avec un seul musicien". Et voilà le premier groupe qui se lance sur des sons de synthé sales et des crachotis de mégaphones, et puis ce break magique ou le clavieriste fait une transition tellement habile que pouf ! les mélodies de clavecin vous ont transporté de la fabrique désaffectée à un coquet salon de musique au plancher lustré. Et le violoncelle, et la clarinette, qui viennent étoffer l'univers avec un naturel... Non vraiment, c'est un sacré truc.

Il y a eu du Arena Rock, du Jazz coquin, de la folk des soeurs Boulay et de la World Music, du Reggae, des hymnes d'Ouganda ou de Bosnie Herzégovine. Il y a eu des gens qui jouaient avec une seule main, parfois sur les instruments des autres, et des musiciens qui jouaient en frappant le corps des autres. Il y a eu un "Si Miles Davis avait joué du clavier" et "Si Miles Davis avait joué du violon", il y a eu de la musique de morts-vivants façon Thriller de MJ. Il y a eu un blind date entre un saxo et une guitare, entre un violoncelle et une batterie, une batterie et un clavier, une basse et un scateur, un clavier et une guitare. Il y a eu un "20 000 lieues sous les mers" fantastique à ne presque plus pouvoir remonter à la surface. Il y a eu du Reggaetone et de la Dance de Club Med qui nous on fait nous déhancher debout et jouer à la statue.

Et puis de la BO de western ou de James Bond composée en live devant le film qui défile, et des fondus enchaînés de mp3 pendant lequel DJ Nice passe 30 secondes de musique, après quoi le groupe a quelques secondes pour faire une transition et prendre le flambeau devant nos oreilles complètement flouées qui n'ont même pas entendu que le mp3 était fini. Et des ambiances de Paris 1920, de Muraille de Chine et de Godzilla.

Tout ça évidemment, avec quelques secondes seulement de consultation entre les musiciens avant de se lancer sur scène, et avec une technique totalement irréprochable (de mon humble point de vue).

Non vraiment, si jamais ce genre de show se produit près de chez vous, courez-y les yeux fermés !

- "Hihi c'est rigolo de jouer avec une boîte de mouchoirs !"
- "Pas pour moi."
  
- "Finalement je préfère le saxophone en plastique." 
- "Et moi la baguette dans le nez."



















 Blind date entre ces deux-là 


 Bim, à une seule main !

Enfin voilà, tout ça nous rappelle encore que la musique raconte des histoires et élabore des ambiances, qu'elle est pleine de codes et d'astuces pour se travestir en ce que l'on veut, et qu'elle fait rire et rêver avec une efficacité terrible. Hourra !

1 commentaire:

  1. pour ceux qui voudraient voir à quoi cela ressemble, voilà quelques explications en live !
    http://www.youtube.com/watch?v=9HMmxL3SFzI

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